LABORATOIRE NATIONAL D’ARCHEOLOGIE (LANA)
LABORATOIRE D’ARCHEOLOGIE PREHISTORIQUE ET PROTOHISTORIQUE (LABARC)
Sous la direction de :
Dr BOUSSOUGOU JEAN-LOUIS (UOB)
Dr MOUSSOUNDA CLARPIN FEREOLE (UOB)
Dr MATOUMBA MARTIAL (IRSH)
Contacts : 03108688 04237058 06443536
Introduction
Ndendé est connue depuis longtemps sur le plan archéologique. En effet, en 1946, le Français G. De Beauchene du Musée de l’Homme de Paris en collaboration avec le Norvégien E. Hinsch récoltent dans la grotte dite de « l’ancien four à chaux Stalon » à 25 km de Ndendé une vingtaine de petites lames en silex noir, retouchées partiellement ou reprises en grattoirs. En 1984, une équipe du Laboratoire National d’Archéologie de l’Université Omar Bongo conduite par Michel Locko prospecte la ville de Ndendé et ses environs. Cette équipe découvre des éclats, des nucléus et des fragments de galets sur le célèbre site du lac noir de Ndendé. Ce site, bien en place, étonne par sa richesse archéologique, avec une très forte densité d’objets au mètre carré.
Justification du projet
Depuis 1946, de nombreuses découvertes archéologiques faites dans le département de la Dola montrent que l’homme occupe cet espace depuis bien longtemps. Des programmes de recherche entrepris plus tôt, dans les années 80, ont permis de mettre en exergue une présence continue de l’homme, allant des périodes la préhistoire aux périodes les plus récentes.
Le Lac noir de Ndendé, à 75 km de Mouila (chef-lieu de province), présente des indices probants d'un MSA (Age moyen de la Pierre), sur la rive orientale. Le Laboratoire d'Archéologie de I'UOB a mis en évidence la présence d'une industrie lithique emballée dans une stone-line de gravillons ferrugineux, enfouie sous un manteau d'argiles sableuses jaunes de plus d'un mètre (Locko, 1988). L'étude du gisement vient de commencer, mais on peut déjà noter que la position pédologique de ces pièces ressemble beaucoup à celle signalée ailleurs au Gabon, mais aussi au Congo par R. Lanfranchi: si l'on en croit certains géologues comme G. Mortelmans et R. Monteyne (1962), la formation de cette stone-line en Répupblique Démocratique du Congo (RDC) serait antérieure à 40 000 bp. Tel est le point de vue de R. Lanfranchi, à la suite de ses travaux au Congo. Il est donc permis de rattacher au MSA (Age Moyen de la Pierre) les pièces recueillies dans la stone-line de Ndendé. Mais sur le plan typologique, il s'agit d'objets décevants ; pour l'instant, en effet, seuls éclats et nucléus en jaspe noir, silex blanc et quartz abondent. L'ensemble de cette industrie paraît se répartir sur au moins trois niveaux archéologiques.
A une trentaine de kilomètres de Ndendé, sur la frontière avec le Congo, un autre site paléolithique, Moukoro I, a été découvert en décembre 1988 par l'équipe du Laboratoire d'Archéologie de I'UOB. Les objets recueillis comprennent des nucléus et des éclats stratifiés dans la stone-line. Ces niveaux archéologiques s'apparentent à ceux (MSA) de Ndendé : il s'agit donc, selon toute vraisemblance, de populations paléolithiques contemporaines, bien que la matière première utilisée à Moukoro I pour la confection des outils soit différente des matériaux de Ndendé.
Sur la rive occidentale de ce lac, des indices d'une longue occupation du site par les populations LSA (Age Récent de la Pierre) permettent, pour l'instant de remonter jusqu'aux environs du 7 ème millénaire avant notre ère. La date la plus récente (2640 avant notre ère) nous situe encore au 3ème millénaire. Ces populations ne connaissaient, bien entendu, que l'usage de la pierre, même si les beaux outils, retouchés, sont rares, voire exceptionnels. La plupart des objets, en effet, sont de simples éclats, des nucléus et des fragments de galets. Cependant on note une grande variété dans les roches utilisées : quartz, jaspe noir, schiste, silex, etc. Un autre intérêt de ce site, bien en place, est son étonnante richesse archéologique, avec une très forte densité d'objets au mètre cané (au moins 500). Fait rare, la récolte, en fouilles, de restes botaniques datés du 6ème millénaire : noix de palmes carbonisées et autres espèces suggérant un milieu forestier. Des fragments de boulettes d'ocre rouge, ayant pu servir, entre autres, à la peinture corporelle, permettent d'entrevoir les coutumes des populations préhistoriques du Gabon.
Sur le plan chronologique, fort de plusieurs datations qui vont dans le sens d'une grande ancienneté du site, Ndendé est donc aujourd'hui un des plus anciens sites du LSA. les hommes de cette époque vivaient dans un paysage plus boisé que l'actuel, mais où la savane herbeuse était présente. Bien qu'à l'heure actuelle aucun reste osseux d'animal n'ait été trouvé, cette région regorgeait probablement du gibier (buffles, éléphants et antilopes, que l'on trouve encore dans le domaine de chasse de Ndendé).
Les recherches sporadiques, en suspens depuis 1987, mériteraient d’être reprises au regard la richesse archéologique de cette région. Il est incontestable que Ndendé constitue un haut lieu de l’histoire du Gabon.
Objectifs du projet
Les objectifs de ce projet sont les suivants :
- Recenser les collections archéologiques existantes (publiques et privées)
- Entreprendre une campagne de prospection et de fouilles archéologiques
- recenser les sites archéologiques et les évaluer
- Réfléchir sur les conditions et les modalités de l’occupation humaine
- Identifier, dater et étudier les installations aussi bien temporaires que permanentes
- Reconstituer le paléoenvironnement et les interactions Hommes – Milieux
- Préciser les filiations culturelles de ces populations
- Etablir une cartographie archéologique de la région
- Faire du site du Lac Noir de Ndendé un chantier-école pour la filière Archéologie de l’Université Omar Bongo
- Redonner à l’archéologie de Ndendé une visibilité scientifique internationale en attirant des chercheurs étrangers
- Constituer une importante base de données des vestiges archéologiques de la Dola
- Publier les résultats de recherches dans un ouvrage afin de promouvoir l’histoire de la Dola
Planification
Ce travail se déroulera en deux phases :
- Enquête orale et prospections
- Fouille
Avant la prospection, il sera nécessaire de mener une enquête orale pour informer les autorités locales (Maire, Chefs de quartiers, Chefs de village) du projet en cours et interroger les populations autochtones sur les endroits interdits aux visiteurs et sur ceux susceptibles de receler des vestiges du passé (grottes, carrières, rivières, lacs, anciens villages, etc.). Pour faire face à la méconnaissance éventuelle de nos interlocuteurs sur l’archéologie, des photos et des vestiges pourront être présentées.
Une étude aussi exhaustive que possible de toutes les ressources d’information disponibles sera menée et elle permettra de mettre en lumière les études historiques, les études archéologiques, les travaux géologiques, les éventuels informateurs et les sites archéologiques déjà existants. De même, les plans du cadastre de la région seront consultés pour maîtriser le terrain.
Résultats et diffusion
A l’issue de ce travail de terrain, il devra apparaitre les résultats suivants :
- Une base de données archéologiques
- Une cartographie des sites
- Une modélisation de l’occupation
- Une définition des cultures et des sociétés
- Une reconstitution de l’évolution culturelle de la préhistoire à nos jours
Les résultats seront progressivement communiqués en cours de recherches à travers la cellule de valorisation de l’information scientifique qui sera mise en place conjointement avec le mécène. Les outils de communication seront constitués de conférences scientifiques, de séminaires qui pourront être organisés à Libreville et à Ndendé. Au terme de ce projet, un ouvrage préfacé par le mécène, sera publié. |